Cinéma africain : 1920 à 1960

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5 décembre 2019 par biblistudio

 Chapitre 1 : de 1920 à la décolonisation des années 1960

La bibliothèque des Studio consacre une exposition au BCAT (Bimestriel du Cinéma Africain de Tours). C’est l’occasion de nous intéresser au cinéma africain. Vaste sujet que nous approcherons dans plusieurs articles, dont voici le premier.
Dès 1910, des opérateurs Lumière sont envoyés en Afrique noire pour tourner des films documentaires dans un but pédagogique, de découverte mais surtout de propagande : les clichés y abondent qui montrent la « sauvagerie » et l’innocence des peuples et justifient ainsi les missions de colonisation. On cherche l’exotisme et à démontrer la supériorité des Blancs.
L’essence et la spécificité de la culture du continent y sont ignorées, la place des Africains est devant la caméra, jamais derrière. Jusqu’aux indépendances, la représentation de l’Afrique est, de façon quasi-systématique, le monopole des Européens.
Faisons une place particulière à Jean Rouch (1917-2004), ethnologue et réalisateur français, fondateur du cinéma-vérité qui a tourné des dizaines de films documentaires en Afrique pendant plus de 30 ans et y a enseigné le cinéma.
Le premier film tourné par deux réalisateurs sénégalais est Afrique sur Seine, un court métrage (20’) de Paulin Soumanou Vieyra et Mamadou Sarr en 1955. L’action se déroule à Paris dans le milieu étudiant noir car le tournage au Sénégal a été refusé par les autorités coloniales ! Les années 60 marquent l’ère des indépendances et le cinéma africain naît dans l’indifférence des jeunes États du continent, sans que jamais soient réunies les conditions d’une réelle politique d’aide au cinéma. « Le mouvement [cinématographique] s’est heurté à deux obstacles majeurs : le désintérêt des gouvernements nouvellement indépendants et les difficultés créées par les intérêts économiques étrangers menacés » précise Jasmine Champenois, universitaire suisse. C’est donc l’affaire d’une poignée d’hommes.

Sembene Ousmane

Précisément un homme incarne ces années-là : Sembene Ousmane (1923-2007), écrivain sénégalais qui adapte ses écrits. Son film Borom Sarret est le premier film tourné en Afrique par un Africain en 1963. Dans ses films, les personnages parlent les langues nationales, la parole en est le fil conducteur, celle qui a servi à transmettre la tradition du bouche à oreille. Son cinéma est subtilement militant. « Dans les années 50 et 60, tout le cinéma de Sembene Ousmane tourne autour du même thème : un corps souffrant, écrasé, asphyxié, rendu fou par le déterminisme social » écrit E. Lequeret.

À bientôt pour notre deuxième article qui abordera le cinéma africain du 20ème siècle après la décolonisation. En attendant, entrez dans la bibliothèque voir notre exposition d’affiches et de documents. Un peu de soleil pour ce mois de décembre.

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